At the Hostel[ PV Dean]

Malheureusement, contrairement à ce qu'il avait espéré, la jeune femme se retourna vers Dean. Immédiatement, son visage se décomposa et elle s'exclama, surprise. Lui mit un certain temps à la reconnaître, probablement parce qu'il n'avait pas les idées en place. Mais ce visage... Il lui était impossible d'oublier Janna. Il avait travaillé sur plusieurs chasses avec elle, bien avant qu'il ne parte en Enfer. Leur dernière rencontre s'était terminée dans un lit d'un motel miteux et depuis cette nuit là, il ne l'avait plus jamais revue. En réalité, il avait tout fait pour couper les ponts et n'avait pas cherché à la revoir. C'est ce qu'il faisait avec toutes les filles de toute façon et sur le coup, il n'avait eu aucun remord. Il ne s'était pas imaginé une seule seconde qu'il pouvait faire souffrir Janna puisque pour lui, il n'y avait aucun sentiment entre eux. Pourtant, la revoir lui faisait l'effet d'un électro-choc, comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. « Janna ? » fut tout ce qu'il réussit à prononcer avant que la tornade Sullivan s'abatte sur lui.

Il était bien trop épuisé pour répliquer, aussi il ne bougea pas d'un pouce lorsqu'elle s'avança et tendit la main vers lui, prête à le frapper visiblement. Mais elle abandonna son geste au dernier mot et elle se radoucit presque. Dean fronça les sourcils, ne comprenant pas ce revers de situation. « Je vois qu'on t'a déjà donné une bonne raclée, je vais être clémente avec toi et retenir mon envie de te gifler. » Il esquissa un sourire : il n'aurait jamais cru dire ça, mais il était heureux d'être tombé sur les zombies ce soir. Il ne se sentait pas prêt, mais alors pas du tout, à affronter une Janna en furie !

Le gérant arriva à ce moment, et lança un remarque gênante, aussi bien pour elle que pour lui. Janna, stupéfaire, ne semblait pas décidée à répondre : Dean prit donc les devants et s'avança vers lui. « Non, je ne suis pas son petit ami, pas du tout. Je cherche une chambre pour la nuit. » Le gérant le fixa du regard, méfiant. « Oh... Pourtant, vous aviez l'air, de... laissez tomber. Voilà la clé de votre chambre, monsieur. » ajouta-t-il en la tendant à Dean. « La 206. Et pour vous, les cassettes. Passez une bonne soirée. » marmonna-t-il, visiblement pressé que ces deux clients bizarres le laissent tranquille. Dean attrapa la clé et la fit tournoyer entre ses doigts quelques instants. Il sentait le regard insistant de Janna posé sur lui mais que pouvait-il bien lui dire ? Il n'avait pas envie d'une longue discussion, pas ce soir. Tout ce qu'il voulait, c'était s'allonger sur son lit et dormir. Il aviserait demain matin pour son épaule, il devait bien y avoir un médecin dans le coin. Comme Janna ne réagissait toujours pas, il passa devant elle sans un mot et commença à grimper les escaliers qui menaient à sa chambre. « Espèce de lâche ! » commença la petite voix dans sa tête, qui commençait sérieusement à l'agacer.

Dean monta rapidement les marches et arpenta le couloir à la recherche de sa chambre. Il la trouva facilement puisqu'elle était l'une des premiers du couloir : en revanche, il eut toutes les peines du monde à mettre la clé dans la serrure et ouvrir la porte. Son sac et son épaule blessée l'handicapaient et il ne put s'empêcher de penser que tout serait plus simple si Sam était là. Avant, il avait quelqu'un sur s'appuyer en cas d'ennuis. Mais maintenant, il était seul et les problèmes commençaient déjà avec cette foutue porte. Il n'osait pas imaginer ce que ce serait lorqu'il essaierait d'enlever sa veste ! Au pire, cela ne le dérangeait pas de se coucher tout habillé, du moment qu'il pouvait enfin dormir.

« Dean, il faut qu'on parle. Et il te faut quelqu'un pour ton visage sinon tu risque l'infection. » Alors qu'il s'apprêtait à défoncer la porte à le genoux, une voix féminine l'interpella. Il se retourna et aperçut Janna, son sac à la main. Elle n'avait plus l'air énervée mais semblait déterminée à lui parler, chose que Dean redoutait par dessus tout. Bon sang, pourquoi personne ne comprenait qu'il avait seulement envie de dormir ? « C'est bon, je vais me débrouiller, t'en fais pas pour moi. » Finalement, la porte céda et il jeta un coup d'oeil à l'intérieur avant de revenir à Janna. « Ecoute, je sais que je me suis mal comporté avec toi mais pitié, j'ai vraiment pas envie d'en parler. Pas ce soir. Je suis désolé de t'avoir souffrir mais il n'y a vraiment rien de plus à ajouter. » Il rentra dans la chambre, ne se donnant même pas la peine de fermer la porte et s'assit sur le lit, en priant pour que Janna s'en aille.

L'eau fraîche fit du bien à Dean quelques secondes, mais très vite, la sensation d'étouffer le reprit. Il se regarda un instant dans le miroir et le reflet qu'il y trouva était loin d'être agréable à regarder : il se donnait l'impression d'être passé sous un bus ou un rouleau compresseur. Souriant à cette pensée, il leva les yeux au ciel lorsque Janna commença à parler de son frère. C'était inévitable bien sûr, mais Dean aurait préféré qu'elle s'abstienne. Et sa dernière phrase... Nom d'un chien, elle ne croyait pas qu'il avait suffisament de remords comme ça ? Lorsqu'il se retourna, il sursauta : Janna se tenait devant lui, une bouteille d'alcool et des pansements à la main. Elle imbiba d'un geste sûr le morceau de coton d'alcool et le posa contre sa joue. Il tressaillit à peine lorsque la douleur envahit son visage : il était trop concentré sur ce qu'il allait lui dire.

« Donc tu dois savoir que c'est moi qui l'ait déclenchée. Et tu dois aussi savoir que c'est Sam qui a libéré Lucifer. T'as raison, je pense que sans nous, le monde irait bien mieux. Parfois, je me dis que j'aurais mieux fait de rester en Enfer. » En l'espace de quelques secondes, il avait tout dévoilé. Sur un ton ironique, presque pince-sans rire. Il savait qu'il était dur, presque brutal, mais il s'en fichait totalement. Elle avait arrêté de le soigner et le regardait : lui détourna les yeux. « Quand je suis parti, il me restait à peine deux mois à vivre. J'avais pas spécialement envie de me mettre en couple, si tu vois ce que je veux dire. » Sans un regard pour elle, il sortit de la salle de bains et essaya tant bien que mal de retirer sa veste. « Maintenant, à moins que tu ne saches remettre une épaule en place, je pense que tu devrais t'en aller. Je risque pas d'être de très bonne compagnie ce soir. » Sa mauvaise humeur l'étonnait lui-même, mais dans ces moments là, il n'y avait rien à faire à part attendre.

Après tout ce qu'il venait de lui dire, et surtout, sur un ton aussi sec, Dean crut qu'il avait réussi à dégoûter Janna et qu'elle allait enfin le laisser tranquille. Qu'on lui foute la paix, il ne demandait que ça. Mais la jeune femme ne semblait pas décidée à s'en aller, elle était même prête à lui faire des excuses. La bonne blague. S'il y avait bien une chose que Dean détestait, c'était les excuses. Il détestait les regards pleins de compassion, de remords et de pitié que les gens avaient lorsqu'ils s'excusaient. Et Janna n'échappait pas à la règle : son ton s'était brusquement radoucie, elle n'avait plus rien à voir avec la chasseuse agacée du début de leur conversation. Et cela ne plaisait pas à Dean ; il aurait préféré qu'elle se fâche une bonne fois pour toute et qu'elle s'en aille. Qu'elle parte, c'était tout ce qu'il demandait.

« C'est bon, te fatigue pas, j'ai compris. » répondit-il lorsqu'elle s'excusa. Il faisait exprès d'être impoli, pour lui montrer que malgré tout ce qu'elle pourrait dire, ça ne changerait rien. « Je me fiche pas mal de ce que tu penses de moi, tu sais. » Sorti de la salle de bain, il finit par réussi à enlever sa veste, non sans l'avoir insultée un bon million de fois : la douleur de son épaule commençait à être peu supportable. Heureusement, Janna allait sûrement s'en aller et il allait pouvoir dormir. Il s'assit sur le lit et immédiatement, ses pensées dérivèrent vers Sam. D'habitude, c'était Sam qui s'occupait de lui lorsqu'il était blessé, et vice-versa. Si Sam était un patient plutôt agréable, Dean était vraiment agaçant et il savait parfaitement qu'il en avait fait voir de toutes les couleurs à son frère. Mais Dean aurait tout donné pour que Sam se trouve à la place de Janna, ce soir.

Janna sortit alors de la salle de bains, un sourire aux lèvres. C'était la première fois que Dean la voyait sourire : il avait oublié à quel point elle était radieuse lorsqu'elle souriait. Plus que jamais ce spir, elle était belle à en pleurer. Et c'est précisément à ce moment-là qu'il abandonna la partie. Il regrettait d'avoir été aussi désagréable avec elle, alors que finalement, elle n'avait rien fait. Mais les excuses n'étaient pas le point fort de Dean Winchester « C'est rassurant... Mais bon, je suppose que j'ai pas le choix ! » Mais cette fois-ci, malgré sa remarque ironique, il lui sourit en retour et attendit presque patiemment qu'elle s'occupe de lui.

Assis sur le lit miteux de l'hôtel, Dean essayait de se détendre malgré la douleur lancinante dans son épaule qui ne le quittait pas. Il savait pourtant qu'une fois remise en place, son épaule serait encore plus douloureuse. Ce n'était pas la première fois pour qu'il se démettait l'épaule er il se souvenait très bien de la douleur que cela occasionait. Heureusement, il avait appris à s'endurcir au fil des années et le seuil de douleur qu'il pouvait atteindre était relativement élevé. De toute façon, il avait un excellent moyen de combattre la douleur : tandis que Janna se positionnait à ses côtés, il sortit la flasque d'alcool de la poche de sa veste et but une longue gorgée. « Moi aussi ça me fait plaisir de te revoir... Pourquoi pas ? Ça pourrait être... sympa. » ajouta Dean en grimaçant un sourire.

Lorsqu'elle évoqua l'apocalypse, il ne lui répondit rien. Il en avait assez d'aborder le même sujet encore et encore depuis des semaines, assez de répéter la même histoire aux chasseurs qu'il croisait. Il en avait assez de leurs regards ébahis puis accusateurs et de leurs sous-entendus blessants. Bien sûr, il savait que Janna ne ferait rien de tout cela, elle n'était pas commes les autres. Mais cela ne lui donnait plus envie de se confier à elle, il en était malade d'avance. « Je sais... » répondit-il simplement lorsqu'elle le prévint qu'il risquait d'avoir mal. « Ça va aller, c'est bon, vas-y. »

Sans même prévenir, Janna posa ses deux mains contre son épaule et d'un geste brusque, la remit en place. Durant une fraction de seconde, il ne sentit rien. Puis la douleur le percuta si brutalement qu'elle lui coupa le souffle. Plié en deux, une main contre son épaule, il essayait de se retenir de ne pas hurler. Il était hors de question de réveiller tout à l'hôtel, pas au beau milieu de la nuit ! La douleur reculait peu à peu, Dean se laissa tomber de tout son poids sur le lit. « Fils de pute... » finit-il par articuler, à bout de souffle.

La douleur s'atténua et ne devint plus qu'un mauvais souvenir. La respiration de Dean ralentit et allongé sur le lit, il bascula sur le dos afin de voir Janna ramasser ses affaires et partir. « Très drôle... J'avais oublié à quel point ton humour craignait, » répondit-il sur le même ton moqueur. C'était de bonne guerre, non ? Et puis, entre Janna et lui, il avait toujours été question de petites remarques narquoises ou malicieuses, de sous-entendus prononcés à voix basse, qui rendaient leur relation si excitante. Mais qu'en était-il maintenant ? Dean n'avait pas envie de se poser la question, pas ce soir, mais il devait avouer qu'il était bien plus boulversé par ces retrouvailles qu'il n'y paraissait. Il sourit à Janna avant de fermer les yeux. « Ok, à demain alors. Je t'expliquerais pourquoi je suis là, peut être que tu pourras m'aider... » Alors qu'il finissait sa phrase, la jeune femme se pencha au dessus de lui et l'embrasse du bout des lèvres. Surpris, il fronça les sourcils mais se laissa faire. « Bonne nuit... » murmura-t-il alors qu'elle quittait déjà la chambre, sans savoir si elle pouvait encore l'entendre.

Il attendit quelques minutes avant de se relever et de se glisser sous les couvertures tout habillé. Son épaule était encore douloureuse et il n'avait aucune envie de se déshabiller : il voulait seulement dormir et oublier cette drôle de soirée. Il ne savait plus quoi penser ce qui se passait entre Janna et lui, et avait peur de ce qui pouvait arriver. Il ne se sentait pas près à se lancer dans une nouvelle histoire même si plus rien ne le retenait. Mais il ne voulait pas faire souffrir Janna une fois de plus ! C'est en soupirant qu'il finit par fermer les yeux et céder définitivement au sommeil, en espérant que demain serait un autre jour.

SUJET TERMINÉ